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Les abeilles

Et je sais qu’il y en a qui disent : ils sont morts pour peu de chose. Un simple renseignement (pas toujours très précis) ne valait pas ça, ni un tract, ni même un journal clandestin (parfois assez mal composé). A ceux-là il faut répondre :
« C’est qu’ils étaient du côté de la vie. C’est qu’ils aimaient des choses aussi insignifiantes qu’une chanson, un claquement des doigts, un sourire. Tu peux serrer dans ta main une abeille jusqu’à ce qu’elle étouffe. Elle n’étouffera pas sans t’avoir piqué. C’est peu de chose, dis-tu. Oui, c’est peu de chose. Mais si elle ne te piquait pas, il y a longtemps qu’il n’y aurait plus d’abeilles. »
 
Jean Paulhan
« L’abeille », texte signé "Juste", paru dans Les cahiers de Libération en février 1944

Les rendez-vous

Vendredi 12 mai à 18 h, aux Archives départementales à Charleville-Mézières, dans le cadre des vendredis de l'histoire de la Société d'Histoire des Ardennes, conférence de Grégory Kaczmarek : "La grande grève revinoise de 1907 : cinq mois de combats ouvriers".

Vendredi 16 juin à 18 h, aux Archives départementales à Charleville-Mézières, dans le cadre des vendredis de l'histoire de la Société d'Histoire des Ardennes, conférence de Philippe Lecler : "Pol Renard, un héros de la Résistance".

 

 

8 décembre 2008 1 08 /12 /décembre /2008 09:01

Je viens de lire dans un ouvrage récemment publié sur la guerre de 39-45 ce tableau récapitulatif intitulé « Bilan humain global de seconde guerre mondiale dans les Ardennes ».

 

 Là, stupéfaction, je m’aperçois qu’il n’y a plus que 356 personnes reconnues comme résistantes victimes de la répression allemande ; que ces dernières semaines, sans doute, les autorités ont effacé du Mémorial de Berthaucourt une partie des inscrits, où comme le sait tout un chacun sont inscrits les « Morts au combat et fusillés dans la Résistance »

Je relis la page de l’ouvrage en question, et je me rassure. Non, l’auteur cite les chiffres donnés par Jacques Vadon dans « Le bilan de la souffrance dans les Ardennes au cours des années d’occupation » publié dans la revue d’Études ardennaises en… 1964 !

 

 

Évidemment, ça date (44 ans)… Si l’auteur s’était penché plus avant sur la question, il aurait noté que le même Jacques Vadon, dans sa Contribution à l’histoire de la Résistance dans les Ardennes (juin 1940- septembre 1944), publiée par le C.D.D.P. de Charleville-Mézières en 1969, avait pris en compte l’évolution du nombre des inscrits et actualisé les chiffres :

 

 

 

Enfin, et pour finir, si l’auteur, à défaut de lire ces pages, s’était rendu au Mémorial de Berthaucourt pour, simplement, compter les noms inscrits dans la pierre (exercice fastidieux je le concède, mais ô combien instructif !), il se serait aperçu que leur nombre s’élève aujourd’hui à 506

Le Mémorial a évolué dans le temps, et il évoluera sans doute encore, on peut l’espérer


Bref, l’actualisation des chiffres et des données, si évidente dans le domaines des sciences sociales, semble quelque peu négligée par les historiens, ou du moins par ceux qui en font profession. On ne peut que le regretter. Les patriotes inscrits à Berthaucourt méritent sans doute un peu plus de rigueur dans l'écriture de leur histoire, qui est aussi la nôtre...



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6 décembre 2008 6 06 /12 /décembre /2008 14:18

Le DVD est disponible auprès de l'AFMD des Ardennes (cliquez ici)...
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25 novembre 2008 2 25 /11 /novembre /2008 12:07
Les Allemands passent l'Aisne sur un pont du génie, les 9 et 10 juin, à Château-Porcien, après avoir établi une tête de pont au sud de l'Aisne, malgré la forte et désespérée résistance de l'armée française.
Ici, les véhicules de la Panzergruppe Guderian...


extrait de      Anne-Louise en fera ce qu'elle voudra....                                                   Photo extraite de "Histoire de guerre", n° 5, mai 2000
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24 novembre 2008 1 24 /11 /novembre /2008 12:57

Georges-Henri Lallement est décédé à Charleville-Mézières. Il sera inhumé le 25 novembre à Herbeuval. Ce grand bonhomme, grand au sens propre comme au sens figuré, fut un résistant de la première heure qui joua un rôle considérable dans la lutte clandestine contre l'occupant. Infatigable défenseur des valeurs humanistes et républicaines, il continua son combat après la guerre au sein de l'Union ardennaise des FFI. Gardien respecté de la mémoire des combattants de l'ombre, il me fut donné maintes fois l'occasion de le rencontrer pour parler de la guerre, de sa guerre, sujet sur lequel il était intarissable.

Cette courte biographie sera comme un dernier hommage.


Henri Lallement est né à la Ferté-sur-Chiers le 7 mai 1913. Ses parents, modestes agriculteurs, s'installèrent à Herbeuval où Henri passa toute son enfance.

Il occupait, sous l’Occupation, le poste de receveur à l’Enregistrement à Rumigny. En avril 1942, il fut chargé par Henri Moreau (« Lucien »), responsable du Secteur de Signy-l’Abbaye, de rechercher dans la région de Rumigny des recrues pour former des groupes de résistance.

Au mois de février 1943, Lallement fut nommé chef de section. Il avait pour tâches l’animation des groupes locaux, l’approvisionnement en faux papiers, les liaisons avec les autres secteurs, l’hébergement d’aviateurs alliés et de Juifs évadés des Mazures. En juillet, il fut nommé adjoint au nouveau chef de Secteur de Signy-l’Abbaye, Adrien Fournaise (« Muirion ») et devint « Georges » (en référence au général), pseudonyme qu’il conservera et accolera à son patronyme après la libération.

Au mois de septembre débutaient les travaux d’aménagement du futur maquis Baïonnette, entre Rumigny et Blanchefosse. Des armes récupérées y étaient entreposées.

Le 24 décembre, Adrien Fournaise fut arrêté par la police allemande. Emile Fontaine (« Tanguy ») lui succèda. Georges fut nommé responsable des cantons de Signy-l’Abbaye, Chaumont-Porcien, Rumigny. Emile Fontaine conservait la responsabilité des cantons de l’Aisne (Aubenton,  Rozoy-Sur-Serre, Marle et Sissone).

Au mois de février 1944, les groupes de Georges et de Tanguy passaient à l’action et effectuaient leurs premiers sabotages (déraillements sur voies ferrées, destruction de la ligne à haute tension Lorraine-Hainaut le 22 mars).

 Le 31 mars 1944, Emile Fontaine fut arrêté puis exécuté par la Gestapo à Aubenton (Aisne). Georges assura sa succession et réorganisa les groupes locaux décimés par la police allemande.

Il fut nommé capitaine F.F.I. par le Commandant Fournier, avec comme zone de commandement les quatre cantons de l’Aisne et ceux de Signy-l’Abbaye, Rumigny, Chaumont-Porcien et Novion-Porcien dans les Ardennes (les groupes des cantons de Signy-l’Abbaye, Chaumont-Porcien et Novion-Porcien furent dirigés par le lieutenant F.F.I. Jean Blocquaux, dit « Arthur »).

Au mois de mai, le maquis Baïonnette devint le centre de commandement du secteur. Le maquis Sansonnet fut créé dans les bois de Liart, placé sous la direction d’Albert Petitfrère alias « Sansonnet » ou « Pierre ». Un autre maquis était fondé dans les bois de Signy-l’Abbaye, dirigé par René Servat, dit « Cabanon ».   

 Le 6 juin, la phrase de déclenchement des plans « Je porterai l’églantine » sur la B.B.C. provoquait la mobilisation des groupes de combat et de sabotage des maquis du secteur. Georges, dénoncé à la Gestapo, entra en clandestinité et se réfugia au maquis Baïonnette d’où il allait diriger les opérations de guérilla contre les troupes allemandes. A titre d’exemple, pour le seul mois de juillet, le groupe « Jojo » du maquis « Baïonnette » fut l’auteur de neuf sabotages ferroviaires, quatre sabotages de lignes téléphoniques, trois sabotages d’installations industrielles, deux récupérations d’armes sur l’ennemi… En vue des combats pour la libération, dans la nuit du 27 au 28 août 1944, la Centaine Blocquaux de Signy-l’Abbaye bénéficia d’un parachutage à Wagnon et réceptionna douze containers d’armes.

Enfin, le 2 septembre, les F.F.I. du secteur libéraient les bourgs de Rumigny et de Liart, précédant de peu les blindés américains, puis participaient au combat pour la libération de Charleville.

A la Libération, « Georges »-Henri Lallement siégea un temps au Comité départemental de libération, et dirigea la commission d’épuration de Mézières. Il fut ensuite nommé Directeur départemental du Service des Prisonniers, Déportés et Réfugiés qui devint l’administration des Anciens Combattants. A ce titre il s’occupa des Pupilles de la Nation, ce qui lui faisait dire avec humour : « J’ai eu 23 enfants dont j’ai eu la tutelle personnelle. Il n’y a pas beaucoup de famille aussi nombreuse que la mienne… »

Il avait pris sa retraite en 1978, et c’était entièrement consacré à l’Union ardennaise des F.F.I., dont il avait contribué à la fondation, et dont il avait assuré la présidence de nombreuses années.


Georges-Henri Lallement était Officier de la Légion d'honneur, Officier de l'ordre national du Mérite, Croix de guerre 1939-1945, Médaillé de la Résistance, titulaire de la Croix du Combattant volontaire de la Résistance, et de la Croix du Combattant volontaire1939-1945.

 

P. LECLER,  « La Résistance et la Libération. Entretiens avec Georges-Henri Lallement » dans Terres Ardennaises n° 88 d’octobre 2004

 

 

 

Georges-Henri Lallement (à gauche) à la tête de son groupe. Défilé des F.F.I. le 10 septembre 1944 à Charleville

(photo G.H. Lallement)



André Point, dit "Commandant Fournier" (à droite), chef des FFI, congratule G.H. Lallement lors d'une réunion de l'UAFFI, en 1947

(Photo Y. Robert)

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