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Les abeilles

Et je sais qu’il y en a qui disent : ils sont morts pour peu de chose. Un simple renseignement (pas toujours très précis) ne valait pas ça, ni un tract, ni même un journal clandestin (parfois assez mal composé). A ceux-là il faut répondre :
« C’est qu’ils étaient du côté de la vie. C’est qu’ils aimaient des choses aussi insignifiantes qu’une chanson, un claquement des doigts, un sourire. Tu peux serrer dans ta main une abeille jusqu’à ce qu’elle étouffe. Elle n’étouffera pas sans t’avoir piqué. C’est peu de chose, dis-tu. Oui, c’est peu de chose. Mais si elle ne te piquait pas, il y a longtemps qu’il n’y aurait plus d’abeilles. »
 
Jean Paulhan
« L’abeille », texte signé "Juste", paru dans Les cahiers de Libération en février 1944

Les rendez-vous

Vendredi 12 mai à 18 h, aux Archives départementales à Charleville-Mézières, dans le cadre des vendredis de l'histoire de la Société d'Histoire des Ardennes, conférence de Grégory Kaczmarek : "La grande grève revinoise de 1907 : cinq mois de combats ouvriers".

Vendredi 16 juin à 18 h, aux Archives départementales à Charleville-Mézières, dans le cadre des vendredis de l'histoire de la Société d'Histoire des Ardennes, conférence de Philippe Lecler : "Pol Renard, un héros de la Résistance".

 

 

1 avril 2009 3 01 /04 /avril /2009 10:21

LAMBERT (J.) et GIULIANO (G.), Les Ardennais dans la tourmente : l’Occupation et la Libération, Éditions Terres Ardennaises, Charleville-Mézières, 1994


Second opus de la 2e Guerre mondiale dans les Ardennes dû aux historiens de Terres ardennaises.

Un découpage thématique qui couvre tous les domaines de la vie des Ardennais sous l’Occupation (la Résistance n’en est qu’un parmi d’autres) avec un parti pris de privilégier le témoignage, sans pour autant négliger l’analyse historique. Avec, en plus, des documents, photographiques ou écrits, inédits. Un livre indispensable.

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15 mars 2009 7 15 /03 /mars /2009 16:33

           Situé à l’écart de la route départemental 6, entre Senuc et Montcheutin, dans le vouzinois, le Calvaire des fusillés du bois de la Forge rappelle qu’en ces lieux, le 29 août 1944 trois patriotes furent fusillés pour avoir voulu hâter la libération du département…



 

                   Cet épisode appartient à l’histoire du maquis de Grandham-Lançon fondé en juin 1944 par un ancien sous-officier de l’armée française, Robert Verner. Fort d’une centaine d’hommes après que les eut rejointe la « Centaine plan Pol » du gendarme Raphaël Petit, le maquis fut approvisionné en armes par des parachutages sur les terrains « Panama » (à Lançon), et « Autogyre » (à proximité de Senuc).

Ce sont donc des hommes puissamment armés qui accueillirent un convoi militaire allemand qui s’était engagé sur le chemin de leur campement le 28 août. Supérieurs en nombre, les maquisards capturaient 5 soldats et tuaient l’officier qui les commandait. Mais l’alerte était donnée chez l’occupant et le lendemain un véhicule blindé était envoyé à la recherche de la section disparue. Lors de l’engagement qui s’ensuivit sur le terrain, le caporal Diana, un tirailleur sénégalais échappé de captivité, et Léon Haudecoeur tombaient sous les tirs de mitrailleuse de l’engin qui rebroussait chemin.  

 



Mise en échec, la chenillette blindée redescendit sur le village de Lançon où ses occupants arrêtèrent Henri Collard, qui revenait à bicyclette d’Autry chargé de pain pour sa famille. Accusé de ravitailler le maquis, celui-ci fut contraint de monter dans le véhicule qui prit la route de Senuc. Quelque temps après, les soldats de la chenillette aperçurent des hommes menant des chevaux qu’ils arrêtèrent à leur tour. Ces derniers venaient d’effectuer un transport d’armes pour le maquis (un parachutage avait eu lieu la veille sur « Autogyre »). Robert Haulin, Lucien Dauphy, Maurice Briys, Gabriel Caillet, prirent place auprès d’Henri Collard. Enfermés d’abord dans une écurie de Senuc, interrogés, battus, ils furent emmenés au lieu-dit le « bois de la Forge » pour y être fusillés.

Robert Haulin et Lucien Dauphy parvinrent à s’enfuir.

Ce 29 août, Maurice Briys, cultivateur âgé de 49 ans, père de quatre enfants, Gabriel Caillet, cultivateur âgé de 48 ans, père de deux enfants et Henri Collard cultivateur âgé de 46 ans, père de quatre enfants, succombèrent sous les balles d’un peloton d’exécution improvisé.


 


Érigé à l’initiative de l’UAFFI, le calvaire des fusillés rappelle aussi le sacrifice des résistants du canton de Grandpré dont les noms sont inscrits à Berthaucourt.

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22 février 2009 7 22 /02 /février /2009 16:46

J’ai appris le décès récent de René Delvaux, que j’avais souvent rencontré dans le cadre de ces recherches sur la Résistance, et qui m’avait accueilli, avec son épouse, Paulette, dans leur ferme du Petit Ban. La presse locale n’a pas consacré d'article à celui qui fut un véritable héros de la Résistance (je sais que ces superlatifs apparaissent suspects sinon outranciers, et je ne les utilise que rarement, et toujours à bon escient). Il était le dernier représentant encore en vie du maquis de Launois.  

 

Fils d’un agriculteur de Viel-Saint-Rémy, René Delvaux est, avec Yvon Legroux et Paulin Brichet, le fondateur du maquis de Launois au printemps de 1943. Réfractaires au STO, les jeunes gens s’installent dans des cabanes dans les bois d’Hameuzy et dans les granges des villages environnants où ils trouvent de nombreuses complicités. Rapidement, la nouvelle de la formation d’un maquis destiné à aider les réfractaires se répand et, par l’intermédiaire de la préposée des Postes de Launois-sur-Vence, Mme Gazagnaire, s’établit une filière par laquelle de nombreux requis viennent s’adjoindre au noyau initial.

Pour nourrir les hommes, le maquis va se ravitailler au détriment des exploitations de la WOL dont les bêtes sont volées puis abattues, dont les champs sont récoltés nuitamment... Les mairies sont attaquées pour se procurer les précieux tickets d'alimentation, de même pour les bureaux de tabacs mis à contribution... Les agriculteurs, comme les commerçants de Launois (boulanger, épiciers…), apportent leur aide dans la mesure de leurs moyens : la solidarité s’organise autour de ces jeunes hommes qui refusent de se soumettre aux exigences de l’occupant.

 

« Maquis de Launois », installé sur le territoire de la commune de Viel-Saint-Rémy, au hameau d’Hameuzy. Que de localisations diverses pour ce maquis ! S’il est vrai qu’il changea souvent d’emplacement, pour des raisons de sécurité, René Delvaux, qui en fut tout de même à l’origine, ne l’appelait que le « maquis d’Hameuzy ».

 

Georges Matagne, responsable aux Jeunesses communistes de Villers-Semeuse, chef départemental du mouvement FTP (Francs-tireurs et partisans) vient rapidement organiser le maquis sur le plan militaire, notamment par l’initiation  de ses membres à la confection et au maniement d’explosifs. En octobre, René Delvaux devient officiellement commandant du maquis. Les premiers sabotages sont réalisés : l'écluse d'Attigny saute, du matériel de la WOL est détruit ou saboté.

Au cours du mois de novembre 1943, des équipes réalisent huit sabotages contre les voies ferrées par déboulonnage des rails, méthode favorite des FTP : trois sur la ligne Sedan-Charleville, deux sur celle Hirson-Charleville, une sur la ligne Charleville-Givet, une sur la ligne Charleville-Rethel. C’est aussi au cours de mois de novembre qu’a lieu un accrochage avec les gendarmes de la brigade d’Asfeld à Bergnicourt. On sait que dans un échange de coups de feu, un gendarme fut tué. René Delvaux ayant participé à cette action, il m’en avait envoyé un récit très détaillé il y a quelques années. L’arme de service du gendarme sera retrouvée en possession d’un maquisard, René Isidore, arrêté à Mézières par la gendarmerie. Le jeune homme sera livré à la Gestapo et fusillé (ces épisodes ont été développés dans « Les Ardennais de la résignation à la résistance » dans L’affaire des Manises).

 

Dans la nuit du 15 décembre 1943, trois à quatre cents Allemands, informés par un dénonciateur, encerclent les bois du secteur. Les maquisards trouvés sur le terrain sont aussitôt arrêtés, les fermes environnantes sont méthodiquement fouillées. Les jours et les semaines suivantes, de vastes rafles auront lieu dans les villages, Launois, Viel Saint-Rémy, Dommery, les Allemands opérant de nombreuses arrestations dans la population.

Il y aura 13 fusillés et 11 déportés. Parmi ces derniers, le père de René Delvaux, qui fut déporté le 22 janvier 1944 vers le camp de concentration de Buchenwald. Transféré au camp de concentration de Mauthausen, il fut gazé gazé à Harteim (Kommando de Mauthausen) le 17 juillet 1944.

 

René Delvaux échappe aux Allemands. Sa tête mise à prix, il se cache, avec son camarade Marcel Picot, à Ecordal dans la ferme de la famille Sagnet qui participe à l’hébergement et à l’évacuation d’évasions d’aviateurs alliés. Nous avons déjà parlé de cet épisode (à la Libération, René  rentré dans les Ardennes épousa Paulette Sagnet, qui avait échappé à la rafle menée par la Gestapo à la ferme et l’avait rejoint dans l’Aisne où elle était devenue agent de liaison des FTP).

Après les arrestations de Picot et celle de la famille Sagnet le 1er avril 1944, René quitte le département pour suivre Georges Matagne dans l’Aisne où les deux hommes poursuivront la lutte au sein des FTP ; Matagne prenant la direction des opérations militaires pour ce département, René  étant nommé chef du secteur de Bohain-Ribemont où il organisera des groupes de combat, puis participera à la libération du département avec le maquis de Mennevret.

 

 

    État des services de René Delvaux dans les Ardennes

  (d’après l’attestation produite du 9 avril 1958)

 

  Transports d’armes et de munitions à destination du maquis depuis Saint-Germainmont

  Sabotage de l’écluse d’Attigny

  Sabotage de l’écluse de Bignicourt (Aisne)

  3 sabotages de voie ferrée à Donchery

  1 sabotage de voie ferrée à Monthermé

  2 sabotages de voie ferrée à Liart

  1 sabotage de voie ferrée à Faux

  Destruction d’une batteuse et d’un tracteur appartenant à la WOL à Librecy

  2 récupérations de cartes d’alimentation

  2 sabotages de voie ferrée à Faux et à Saulces-Monclin après l’attaque du    maquis  de Launois.

 

 

 

 

 

 Monument aux morts de Viel-Saint-Rémy. Deux stèles de part et d'autre portent les noms des victimes de la répression allemande de décembre 1943.

 

 

 


 rene delvaux art necro

L'Ardennais du 28 février 2009

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10 janvier 2009 6 10 /01 /janvier /2009 11:30
Pour le concours de 2009, le jury national propose le thème suivant :
Les enfants et les adolescents dans le système concentrationnaire nazi.
Ce thème peut être l'occasion de réfléchir, entre autres, sur le processus et les circonstances qui ont contribué à faire des enfants et des adolescents les victimes du système concentrationnaire nazi. Le sort de ces enfants et adolescents sera au coeur de l'étude et de la réflexion des candidats.
On pourra prendre en compte l'évolution, dans l'après-guerre, du droit international et national dans le domaine de la protection de l'enfance.
Les recherches des élèves pourront porter sur la situation de leur commune ou de leur département, en s'appuyant sur les archives municipales et départementales, la documentation des musées spécifiques, et bien entendu les témoignages qu'ils ont recueillis localement ou lus.
Les sujets des devoirs individuels (première et quatrième catégories) sont élaborés, pour chaque académie, par une commission présidée par un inspecteur d'académie-inspecteur pédagogique régional d'histoire et de géographie, désigné par le recteur. Cette commission est en outre composée d'un (ou deux) représentant(s) de chaque jury départemental désigné(s) par les présidents des jurys départementaux.
On trouvera une bibliographie sur le thème 2008/2009 permettant d'approfondir le thème proposé. La brochure élaborée par la Fondation pour la Mémoire de la Déportation a été adressée aux établissements scolaires et est disponible auprès du service documentation de la FMD:  internement.centredoc@fmd.asso.fr



Télécharger la brochure pour le CNRD :  

http://www.fondationresistance.org/documents/cnrd/Doc00051.pdf

 

Pour lire la suite, cliquez ici...
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