La recherche relative à la mésaventure vécue par les soldats isolés derrière les lignes allemandes entre 1914 et 1918 et que j’ai relatée, pour l’épisode du Radois, dans la Revue Historique Ardennaise connaît des prolongements inattendus. Le lecteur profitera donc de ce blog pour en prendre connaissance.
Ce premier prolongement concerne la patrouille à laquelle appartenaient les cavaliers Peix et Rimbert, celle du 8e régiment de Cuirassiers qui fut envoyée le 30 août en reconnaissance sur la rive droite de l’Aisne. Il en est fait mention par le docteur Paul Drapier, maire de Rethel en 1914, dans « Les derniers jours de Rethel », article publié par l’Annuaire rethélois 1926, et cité par C. Dupuis dans Rethel - La guerre de 14-18 vécue par ses habitants (imprimerie Sopaic, Charleville-Mézières, 1998).
« Vers la fin de l’après-midi [du 30 août], le maire, se rendant à l’hôpital [de Rethel], voit un groupe de chasseurs à cheval à l’angle de la rue Lepoivre, le long du mur de l’auberge. Les cavaliers bouchonnent leurs chevaux ruisselants de sueur et d’écume. Le maire demande au lieutenant la raison de l’état de ces chevaux. Celui-ci lui dit que le détachement, chargé d’une reconnaissance dans la direction de Chaumont-Porcien, avait été tourné et poursuivi par un escadron de Uhlans auquel il avait échappé avec peine. La poursuite s’était continuée jusqu’à trois ou quatre kilomètres de Rethel. Le maire inquiet fait confirmer l’incident par l’officier au préfet. »
On se souvient que le 30 août au matin, deux reconnaissances du 8e Cuirassier alors stationné à Château-Porcien, avaient été envoyées sur la rive droite de l’Aisne, l’objectif (qui fut impossible à réaliser) étant de permettre le regroupement des différentes unités de la division au nord de Rethel, à Bertoncourt. (Voir JMO du 8e Cuirassier, 26 N 877 – 4, SHD, Vincennes. Consultable sur le site du ministère de la Défense.)
L’une de ces patrouilles fut dirigée sur Seraincourt. J’en ai parlé dans l’article en question. Elle fut décimée, et deux de ses membres trouvèrent refuge au moulin de Seraincourt, avant de rejoindre plus tard d’autres soldats isolés. L’autre patrouille, celle dont il est question ici, commandée par le sous-lieutenant de Fraville, se heurta à des troupes allemandes stationnées à Écly. Du rapport dressé ce jour, il ressort que le détachement eut à déplorer la disparition de deux hommes, et que trois de ses cavaliers furent capturés par l’ennemi.
Fiche de décès de l'un des deux disparus (source : Mémoire des hommes)
À suivre…