Les ouvrages sont cités dans l’ordre chronologique de leur publication. Le choix des limites chronologiques est assez arbitraire, l’année 2000 a le mérite de trancher une période et de marquer une rupture chronologique nette. De toutes façons, les publications sur cette période, dans notre petit département, ne sont pas légions et n’encombrent pas les fonds de bibliothèque, le choix d’une date de rupture est donc purement formelle.
1945 - GOBERT Gustave, « Pages de la Résistance ardennaise », dans La grive, Charleville, n° 47 d’octobre 1945
Long d’une trentaine de pages, composé en quatre parties (« Les origines - Les hommes - L’organisation - L’action ») l’article de Gustave Gobert reste la référence en matière d’étude sur le sujet, ne serait-ce que parce qu’il se retrouve maintes fois cité par Jacques Vadon dans sa thèse sur la Résistance dans les Ardennes. Ces « Pages de la Résistance ardennaise » s’apparentent à une chronique, écrites dès la Libération à partir d’entretiens avec des acteurs de la Résistance, dans les conditions difficiles de l’époque : « Je ne me suis pas contenté de consulter des papiers, des rapports, des documents inertes, j’ai vu les hommes eux-mêmes, ceux et celles qui ont agi, lutté, souffert, pas tous hélas ! ils sont trop nombreux et les moyens de communication manquent pour aller les trouver. » En cela, en cette volonté de recueillir le témoignage « à chaud » des acteurs, Gobert, qui n’était pas historien, préfigurait la tendance qui allait apparaître dans le cadre du Comité d’histoire de la 2e guerre mondiale. Conscient de la difficulté d’« écrire dès aujourd’hui, l’histoire d’un Mouvement qui a secoué toutes les consciences et qui manifeste de hautes et légitimes ambitions », parce que « les évènements ont besoin d’un certain recul pour être jugé avec sérénité et impartialité », l’auteur n’en ressent pas moins la nécessité car, dit-il, « les acteurs du drame sentent déjà leurs souvenirs s’embuer, s’effriter, se diluer… » (En 1945 ! Il estimerait sans doute impossible d’écrire cette histoire aujourd’hui !)
Une autre raison l’incite à cette œuvre, celle de rendre hommage aux résistants, qui se trouvent en butte au dénigrement, voire au mépris de leurs concitoyens: « Liquidons d’abord la question épineuse ! […]Qu’il y ait eu parmi les Résistants des brebis galeuses, qui voudrait le nier ! Y a-t-il donc, en haut ou en bas de l’échelle sociale, une profession, un organisme qui en soit indemne ! Certes, il y eut dans leurs rangs des flibustiers, des exploiteurs, des maquignons du patriotisme. Mais tous ces individus peu recommandables se seraient-ils par hasard groupés chez les Résistants ? » Cette constatation sur la perception et la compréhension (l’incompréhension) manifestées par ses contemporains à propos du phénomène « résistance » est pour le lecteur d’aujourd’hui assez déroutante (elle est aussi un peu surprenante et mériterait qu’on l’approfondisse)…