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Les abeilles

Et je sais qu’il y en a qui disent : ils sont morts pour peu de chose. Un simple renseignement (pas toujours très précis) ne valait pas ça, ni un tract, ni même un journal clandestin (parfois assez mal composé). A ceux-là il faut répondre :
« C’est qu’ils étaient du côté de la vie. C’est qu’ils aimaient des choses aussi insignifiantes qu’une chanson, un claquement des doigts, un sourire. Tu peux serrer dans ta main une abeille jusqu’à ce qu’elle étouffe. Elle n’étouffera pas sans t’avoir piqué. C’est peu de chose, dis-tu. Oui, c’est peu de chose. Mais si elle ne te piquait pas, il y a longtemps qu’il n’y aurait plus d’abeilles. »
 
Jean Paulhan
« L’abeille », texte signé "Juste", paru dans Les cahiers de Libération en février 1944

Les rendez-vous

Vendredi 12 mai à 18 h, aux Archives départementales à Charleville-Mézières, dans le cadre des vendredis de l'histoire de la Société d'Histoire des Ardennes, conférence de Grégory Kaczmarek : "La grande grève revinoise de 1907 : cinq mois de combats ouvriers".

Vendredi 16 juin à 18 h, aux Archives départementales à Charleville-Mézières, dans le cadre des vendredis de l'histoire de la Société d'Histoire des Ardennes, conférence de Philippe Lecler : "Pol Renard, un héros de la Résistance".

 

 

4 février 2006 6 04 /02 /février /2006 17:50
Les ouvrages sont cités dans l’ordre chronologique de leur publication. Le choix des limites chronologiques est assez arbitraire, l’année 2000 a le mérite de trancher une période et de marquer une rupture chronologique nette. De toutes façons, les publications sur cette période, dans notre petit département, ne sont pas légions et n’encombrent pas les fonds de bibliothèque, le choix d’une date de rupture est donc purement formelle.
 
1945 - GOBERT Gustave, « Pages de la Résistance ardennaise », dans La grive, Charleville, n° 47 d’octobre 1945
 
Long d’une trentaine de pages, composé en quatre parties (« Les origines - Les hommes - L’organisation - L’action ») l’article de Gustave Gobert reste la référence en matière d’étude sur le sujet, ne serait-ce que parce qu’il se retrouve maintes fois cité par Jacques Vadon dans sa thèse sur la Résistance dans les Ardennes. Ces « Pages de la Résistance ardennaise » s’apparentent à une chronique, écrites dès la Libération à partir d’entretiens avec des acteurs de la Résistance, dans les conditions difficiles de l’époque : « Je ne me suis pas contenté de consulter des papiers, des rapports, des documents inertes, j’ai vu les hommes eux-mêmes, ceux et celles qui ont agi, lutté, souffert, pas tous hélas ! ils sont trop nombreux et les moyens de communication manquent pour aller les trouver. » En cela, en cette volonté de recueillir le témoignage « à chaud » des acteurs, Gobert, qui n’était pas historien, préfigurait la tendance qui allait apparaître dans le cadre du Comité d’histoire de la 2e guerre mondiale. Conscient de la difficulté d’« écrire dès aujourd’hui, l’histoire d’un Mouvement qui a secoué toutes les consciences et qui manifeste de hautes et légitimes ambitions », parce que « les évènements ont besoin d’un certain recul pour être jugé avec sérénité et impartialité », l’auteur n’en ressent pas moins la nécessité car, dit-il, « les acteurs du drame sentent déjà leurs souvenirs s’embuer, s’effriter, se diluer… » (En 1945 ! Il estimerait sans doute impossible d’écrire cette histoire aujourd’hui !)
Une autre raison l’incite à cette œuvre, celle de rendre hommage aux résistants, qui se trouvent en butte au dénigrement, voire au mépris de leurs concitoyens: « Liquidons d’abord la question épineuse ! […]Qu’il y ait eu parmi les Résistants des brebis galeuses, qui voudrait le nier ! Y a-t-il donc, en haut ou en bas de l’échelle sociale, une profession, un organisme qui en soit indemne ! Certes, il y eut dans leurs rangs des flibustiers, des exploiteurs, des maquignons du patriotisme. Mais tous ces individus peu recommandables se seraient-ils par hasard groupés chez les Résistants ? » Cette constatation sur la perception et la compréhension (l’incompréhension) manifestées par ses contemporains à propos du phénomène « résistance » est pour le lecteur d’aujourd’hui assez déroutante (elle est aussi un peu surprenante et mériterait qu’on l’approfondisse)…
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4 février 2006 6 04 /02 /février /2006 17:48
    Le saviez-vous ? Notre grande vedette nationale s’est produite à Charleville le lundi 24 avril 1944, au cinéma le Palace, devant un parterre nombreux et enthousiaste. Placée sous la présidence d’honneur de M. le Feldkommandant et de M. le Préfet des Ardennes, organisée par le Commissariat d’action social français, la réunion permit de présenter le film « Travailleurs de France », avant que danseuses et fantaisistes n’investissent la scène à la plus grande joie des petits et des grands. La prestation d’Edith Piaf, que tous attendaient avec impatience, fut le clou de la soirée. La vedette donna toute la mesure de son talent, remportant un immense succès qui s’exprima par des applaudissements sans fin à l’issue de son tour de chant.
 
Cette magnifique manifestation fut donnée au profit des travailleurs français en Allemagne, parce que, selon le journaliste qui en rendit compte, « nos ouvriers, qui, outre-Rhin, forgent les armes qui assurent notre commune défense sont, sans aucun doute, les meilleurs d’entre nous. »
 
D’après le Petit Ardennais du 25 avril 1944
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4 février 2006 6 04 /02 /février /2006 13:53
                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                       
 
       
       








           
   
        Au printemps 1944, la Gestapo de l'avenue Foch, secondée par des miliciens venus de Saint-Quentin, opéra dans la région de Rethel des rafles visant à détruire le réseau d’évacuation d’aviateurs alliés mis en place par Charles Saint-Yves, dans le cadre de
l'affaire dite "des parachutistes". Le 6 avril, après l’arrestation de la famille Sagnet à Ecordal la semaine précédente, les miliciens commandés par Henri Nicolas, accompagnés d’Allemands du SD de Charleville, procédèrent aux arrestations à la ferme du Chesnois à Alland’huy.
Furent arrêtés ce jour-là : Georges Fromentin, 59 ans, Georgette Fromentin, 55 ans, Jean Fromentin, 24 ans, Lucienne Fromentin, 33 ans, Robert Couvin, le commis de culture, âgé de 18 ans. Celui-ci se souvient :
 
« Quand nous sommes arrivés aux bureaux de la Gestapo à Charleville le 6 avril au matin, “ Nicolas ” était là, un bel homme encore jeune, d’à peine 40 ans, qui nous désignait par nos noms quand nous sommes passés devant lui. Il savait tout. Quand ce fut mon tour, il a dit : “ Ca c’est l’ouvrier de la ferme, c’est lui qui fait le guet…” Il m’avait déjà vu bien sûr, car il était venu à la ferme auparavant, en se présentant comme faisant partie de la filière. Je crois qu’il était venu chercher des Américains… Jusqu’au 27 juin, nous sommes restés enfermés à la prison de Charleville. Deux fois j’ai été interrogé par la Gestapo, rue de Tivoli, puis avenue Nationale. Les interrogatoires étaient menés durement, les autres personnes de la ferme ont essayé de me disculper des accusations qui étaient portées contre moi, mais pour les Allemands l’affaire était entendue. A la prison, deux officiers en grande tenue sont venus nous porter la sentence : “ Vous êtes condamnés aux travaux forcés ”. On est parti quelques jours après. Un des gardiens nous avait dit, à l’énoncé de cette peine : “Nicht gut !”
Puis, nous avons été transportés, dans des camions de déménagement de Charleville réquisitionnés avec leurs chauffeurs. On ne savait pas trop ce qui nous attendait.
Les hommes et les femmes furent séparés. Nous fûmes emmenés au camp de Compiègne, puis déportés à Dachau ; les femmes à la prison de Romainville, puis déportées au camp de Ravensbrück. »
 
Aucun des membres de la famille Fromentin ne devait revenir des camps.
Georges Fromentin est mort à Dachau le 8 février 1945.
Georgette Fromentin est morte à Ravensbrück le 6 mars 1945.
Jean Fromentin est mort à l’hôpital militaire de Colmar, après la fin de la guerre, le 12 juin 1945.
Lucienne Fromentin est morte à Warenn (Allemagne) le 8 mai 1945.
Seul Robert Couvin revint d’Allemagne où il avait été détenu avec les autres hommes du réseau (on retrouvera cet épisode, ainsi que le témoignage complet de Robert Couvin, dans Ami si tu tombes).
Une plaque rappelant les faits a été apposée par la FNDIRP sur un mur de la ferme, près du portail d'entrée. On peut y lire aussi :" Passant, n'oublie jamais : leur sacrifice pour notre patrie te permet de vivre libre."
 
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1 février 2006 3 01 /02 /février /2006 08:46

La photo du mois de janvier représentait un char américain dans une rue de Signy-l'Abbaye lors de la libération de cette bourgade (félicitations à David)... C'était somme toute assez facile. Dans le même genre, pourriez-vous trouver où fut pris ce cliché ?

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