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Les abeilles

Et je sais qu’il y en a qui disent : ils sont morts pour peu de chose. Un simple renseignement (pas toujours très précis) ne valait pas ça, ni un tract, ni même un journal clandestin (parfois assez mal composé). A ceux-là il faut répondre :
« C’est qu’ils étaient du côté de la vie. C’est qu’ils aimaient des choses aussi insignifiantes qu’une chanson, un claquement des doigts, un sourire. Tu peux serrer dans ta main une abeille jusqu’à ce qu’elle étouffe. Elle n’étouffera pas sans t’avoir piqué. C’est peu de chose, dis-tu. Oui, c’est peu de chose. Mais si elle ne te piquait pas, il y a longtemps qu’il n’y aurait plus d’abeilles. »
 
Jean Paulhan
« L’abeille », texte signé "Juste", paru dans Les cahiers de Libération en février 1944

Les rendez-vous

Vendredi 12 mai à 18 h, aux Archives départementales à Charleville-Mézières, dans le cadre des vendredis de l'histoire de la Société d'Histoire des Ardennes, conférence de Grégory Kaczmarek : "La grande grève revinoise de 1907 : cinq mois de combats ouvriers".

Vendredi 16 juin à 18 h, aux Archives départementales à Charleville-Mézières, dans le cadre des vendredis de l'histoire de la Société d'Histoire des Ardennes, conférence de Philippe Lecler : "Pol Renard, un héros de la Résistance".

 

 

15 septembre 2007 6 15 /09 /septembre /2007 14:38
       
        Samedi 8 septembre, la commune de Nouic, dans la Haute-Vienne, a inauguré une rue Henri Moreau, enfant de ce village du Limousin, en honneur à la mémoire du grand résistant qu'il fut.
Outre les autorités locales et les représentants des associations patriotiques, un seul représentant des Ardennes assista à la cérémonie (à titre privé), M. Marc Hamel, dont on se souvient que le père, Charles Hamel, avait partagé la même cellule qu'Henri Moreau à la prison de la place Carnot à Charleville.


" Je leur en ai trop fait. Ils me condamneront à mort ! N'importe ! C'est leur droit. C'est la guerre."
Extrait d'un article de l'Ardennais, du 20-21 septembre 1944, signé de Jean Rogissart

       Issu d'une modeste famille de quatre enfants, Henri Moreau naquit à Nouic le 24 avril 1919. Son père était menuisier-charpentier, et Henri s'apprêtait, après d'excellentes études primaires, à entrer dans l'entreprise familiale lorsque la guerre arriva . En 1939, il fut mobilisé dans le 158e Régiment d'infanterie coloniale en garnison à Agen. Lors de la campagne de France, il défendit la ville de Rethel (juin 1940). Fait prisonnier, interné au Stalag de Charleville, il s'en évada en février 1942 et après avoir pris contact avec Paul Royaux, il fut nommé, sous le pseudo de "Lucien", chef de secteur de Signy-l'Abbaye jusqu'en juin 1943, date à laquelle il fut nommé responsable départemental du Bureau des opérations aériennes (BOA). Il conserva cette fonction  jusqu'à son arrestation par la Gestapo, à la gare de Châlons-sur-Marne en janvier 1944. Incarcéré à la prison Carnot de  Charleville, dans la cellule XIII qu'il partagea un temps avec Jean Rogissart, il fut fusillé au Bois de la Rosière , à Tournes, avec douze autres prisonniers, le 29 août 1944.



Départ du cortège pour la rue Henri Moreau, au premier rang, Madame le maire de Nouic et son adjoint, petit-neveu d'Henri Moreau.

Monsieur Marc Hamel, lisant un poème de sa composition en hommage à Henri Moreau

Tous nos remerciements à M. Hamel pour les informations sur cette cérémonie et les clichés qu'il nous a envoyés.
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16 juin 2007 6 16 /06 /juin /2007 11:39
    À la suite de la publication de l'article sur Eugène Andrieux, M. Hamel nous a adressé ce courrier rappelant des faits similaires à ceux qui conduisirent à l'arrestation de cet habitant de Machault, avec des conséquences moins tragiques (voir Ami, si tu tombes).

    Un fait presque identique s'est produit le lendemain 13 mai 40 à la ferme de la Faisanderie à Tagnon. Mathurin Loric n'a pas tué un parachutiste abattu, mais un agent de la « cinquième colonne » largué et tombé dans son jardin.

Ce 13 mai à 7h 30, Mathurin Loric qui vient de terminer le pansage de ses chevaux, sort de l'écurie pour aller prendre son petit déjeuner. Il est étonné de constater que le ciel, qui était bien bleu, est maintenant bizarrement couvert. Là-haut, au-dessus, les escadrilles de bombardiers allemands, comme depuis trois jours, vrombissent de plus belle. Le ciel ardennais est devenu un chaudron sonore. Tout en buvant son café, Mathurin écoute un bourdonnement incongru, plus grêle, un plus petit appareil tourne à l'aplomb de chez lui et il insiste. Il décroche son 12 chargé et sort. Crevant la voûte grise, un parachutiste tombe dans son potager, avant qu'il n'ait eu le temps de se récupérer, Mathurin est sur lui, l'homme a un geste vers sa ceinture, le fermier plus prompt a pressé la détente le touchant en pleine poitrine. Ce n'était pas un aviateur en difficulté que Mathurin venait de tuer, mais un agent de la « cinquième colonne ». Déjà, la préparation du largage par la diffusion de nuages artificiels, le fait qu'il soit en civil sous sa combinaison, qu'une moto de marque française plausiblement immatriculée le suive accrochée à un second parachute, tous ces éléments le prouvent.
Après son retour d'exode, Mathurin Loric, dénoncé par un forestier voisin, se défendit mordicus, mettant sur le compte de la jalousie cette dénonciation. Bien sûr, il eut maille à partir avec la police allemande dès septembre 1940, mais il bénéficia de circonstances favorables. En effet, le cadavre rigide de la veille fut récupéré sans discernement avec ceux du Heinkel 111 abattu le lendemain 14 mai à 10 heures du matin par l'armée et la prévôté française. Les deux parachutes et la moto ayant été enterrés sous un stock de bois dans une ancienne tranchée de 14-18, la police allemande n'ayant pu réunir toutes les pièces du puzzle, abandonna les poursuites contre Mathurin qui s'est heureusement tiré de cette affaire. Cette moto remise aux Domaines fut rachetée par mon père après la guerre. Ayant roulé dessus, je vous assure qu'elle avait du nerf.

Dans La bataille de Rethel (éditions Terres Ardennaises), citant un extrait du rapport d'étapes, Robert Marcy écrit :
- « 13 mai 40 à 7h 30, un parachutiste est aperçu descendant entre Acy-Romance et Tagnon. »
- « 14 mai 40 à 10 heures, combat aérien au-dessus de Rethel.»

Tout ceci corrobore bien mon récit.
J'ai assisté de visu à ce combat aérien, avec trois chasseurs anglais blancs et noirs, j'ai vu les cinq paras s'éjecter de l'avion, moteur droit en flamme. J'ai vu également le dernier appareil anglais faire demi-tour et mitrailler aux bout de leurs suspentes les cinq parachutistes qui sont allés se poser là-bas vers la Faisanderie, au-delà de Moinmont.
Mathurin Loric est devenu l'adjoint de mon père Charles Hamel au groupe « Lorraine » d'Avançon, il l'a remplacé après son arrestation pour espionnage le 25 avril 44, et c'est chez lui que je me suis réfugié après mon arrestation du 29 juin 44 et mon évasion de la prison de Rethel le 2 juillet 44.

Mathurin n'en avait pas fini de sitôt avec les Allemands puisque quinze jours après la libération, il eut encore affaire à eux, des traînards qui cherchaient à regagner leur lignes en forçant les fermes isolées à les ravitailler. Là encore, ils sont tombés sur un bec ! Deux à l'hôpital de Rethel et le troisième fait prisonnier rejoignant ses congénères au sous-sol du « Sanglier des Ardennes » (à Rethel) redevenu ardennais.

Je lui dois bien ce devoir de mémoire !

Marc HAMEL, le 6 juin 2007
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28 mai 2007 1 28 /05 /mai /2007 10:51

A Aiglemont,
deux rues d'un nouveau lotissement ont été baptisées des noms de Lucie Aubrac et d'André Gueury. Si l'on connaît le parcours de Lucie Aubrac, on peut rappeler succinctement qu'André Gueury, résistant ardennais, fut le chef de secteur FFI de Hautes-Rivières en 1943-1944.
(
Photo : l'Union)

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17 décembre 2006 7 17 /12 /décembre /2006 13:46

    Nous apprenons par la presse locale (L’Ardennais du 16 décembre) que le corps d’André Bousy a été exhumé de sa modeste tombe et inhumé à nouveau au carré militaire du cimetière de Givet Saint-Hilaire.

 

Ceux qui ont lu Article 75 se souviennent peut-être de ce résistant givetois tombé sous les balles allemandes le 27 juillet 1944 après avoir exécuté de plusieurs balles de revolver le milicien Raymond Gachet, avec la complicité de Louis Villeval (dont on peut regretter que l’article cité ne fait aucunement mention), qui fut lui aussi tué ce jour-là. Tous deux appartenaient au groupement de Résistance commandé par Jean Vigneron, chef FFI du secteur de Givet  et responsable du mouvement  Libération-Nord dans les Ardennes.

 
 
« Le jeudi 27 juillet 1944, vers 12 h 30, Gachet fut abattu dans une rue de Givet. Ses deux agresseurs, Bouzy et Villeval, dans une opération dirigée par Amerand, furent rejoints sur la route de Charleville par les Allemands et immédiatement abattus. Ils avaient négligé les ordres qu'ils avaient reçu de fuir par la route de Doisches pour couper par Charlemont et gagner Foisches et la Belgique, où ils devaient être pris en charge par la Résistance belge.
 

Des funérailles en grande pompes furent organisées avec représentation des dirigeants de la LVF et du PPF, ainsi qu'une délégation allemande. La population de Givet avait été conviée, le maire prononça un discours lors de la cérémonie.

 

Gachet fit la première page de l'édition du Petit Ardennais des 29-30 juillet, avec un article signé du secrétaire départemental de la Milice Française: « Le premier milicien des Ardennes mort au champ d'honneur », car Gachet avait adhéré à la Milice dès son installation dans le département, au début du mois de juin […].

 
 

Le surlendemain, un nouvel article intitulé sobrement « Raymond Gachet » dressait le portrait du défunt. »

(Extrait de mon article : “Résistants et collaborateurs dans la pointe de Givet (1942-1944)”, Terres ardennaises n° 77, décembre 2001)

 
 
 

Une rue de Givet va désormais porter le nom d’André Bousy (Bousy avec un S et non, comme écrit jusqu’ici avec un Z). Il est dommage que le nom de Louis Villeval n'ait pas été associé celui d'André Bousy dans cette reconnaissance posthume.

 

Pour mémoire, je rappelle que l’épuration extrajudiciaire fit, sous l’Occupation, 6 victimes à Givet ; soit le tiers de celles que j’ai recensées pour le département.

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