22 avril 2007
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18:01
Pour sortir de cet enfer, je passe par un soupirail de la cave. Dans la cour, c'est la désolation. Nos vestiaires commencent à brûler. Je me risque avec un KG à y entrer pour sauver le peu de vêtements en ma possession, car à l'atelier où nous travaillons nous ne sommes pas fortement vêtus. Je pense qu'il doit falloir une certaine chaleur pour traiter la gomme. L'atelier où je travaille ayant subi de nombreux dégâts, il m'est impossible d'y retourner. Je passe plusieurs jours au déblaiement. Il nous faut trier les briques, la pierre, et le bois. Nous nous les passons de l'un à l'autre, et le dernier de la chaîne jette ce qu'il a en main sur le tas correspondant. Bien souvent la brique se retrouve sur le tas de bois, ce qui fait hurler notre gardien « C'est cela la discipline française !!! »
Je quitte le camp de Stöcken pour le camp de Buttnerstrasse à Hanovre. Je me retrouve dans l'atelier « Auto 5 ».
Mon travail consiste à apporter les chapes de pneus sur un chariot aux monteurs qui assemblent les pneus.
Par je ne sais quelle coïncidence, je me retrouve à nouveau avec deux jeunes russes.
De jeunes ukrainiennes de 15 ou 16 ans ont été aussi déportées, arrachées à leur famille, et sont soumises aux tâches les plus pénibles. Elles sont malgré leur malheur très gaies. Le foulard sur la tête, elles sont toujours d'une propreté impeccable. Sur leurs vêtements sont cousues les lettres « O.S.T. Est » afin de les distinguer des autres nationalités.
Je travaille souvent de nuit, c'est beaucoup plus calme.
Entre deux livraisons de chapes, je passe quelque temps auprès des deux Russes. Ils me font comprendre qu'ils sont de l'Ukraine et que là-bas, on mange essentiellement du cochon et des patates. Quand on a faim, on parle beaucoup de nourriture. Ici c'est plutôt maigre !
Je me souviens d'un soir où ils avaient un peu de tabac, ils m'invitent à aller griller une cigarette dans les WC de l'usine. Je roule, comme eux, ma cigarette dans du papier journal que nous, Français, nous appelons « papier Rouski ». Je ne peux finir ma cigarette entièrement tellement c'est raide. Quant aux deux Russes, ils sont pris d'un fou rire et se foutent de moi.
Je ne reste pas très longtemps dans cet atelier et les discussions avec les deux Russes sont bien vite terminées : un chef portant des lunettes et à qui je ne conviens sans doute pas me fait changer d'atelier.
Je suis transféré à la réparation des pneus. Il faut savoir que les pneus, une fois cuits dans les autoclaves, peuvent présenter quelques anomalies.
Les petites retouches nécessaires sont faites dans cet atelier de réparation.
Installé sur une sorte de roue, je colle de la gomme là où il en manque, je refais des crans sur les chapes ou change un morceau de toile à l'intérieur ...
Comme je travaille de nuit, je trouve un bon moyen pour dormir un peu : les pneus d'avions étant bien creux et bien larges, rangés les uns contre les autres, je me glisse dans l'un d'eux pour faire une ronflette. Auparavant, je fais une croix à la craie sur celui dans lequel je me trouve afin qu'un copain puisse frapper sur le « bon pneu » en cas d'alerte aérienne ou du passage d'un Chleu dans le coin.
A suivre...
Je quitte le camp de Stöcken pour le camp de Buttnerstrasse à Hanovre. Je me retrouve dans l'atelier « Auto 5 ».
Mon travail consiste à apporter les chapes de pneus sur un chariot aux monteurs qui assemblent les pneus.
Par je ne sais quelle coïncidence, je me retrouve à nouveau avec deux jeunes russes.
De jeunes ukrainiennes de 15 ou 16 ans ont été aussi déportées, arrachées à leur famille, et sont soumises aux tâches les plus pénibles. Elles sont malgré leur malheur très gaies. Le foulard sur la tête, elles sont toujours d'une propreté impeccable. Sur leurs vêtements sont cousues les lettres « O.S.T. Est » afin de les distinguer des autres nationalités.
Je travaille souvent de nuit, c'est beaucoup plus calme.
Entre deux livraisons de chapes, je passe quelque temps auprès des deux Russes. Ils me font comprendre qu'ils sont de l'Ukraine et que là-bas, on mange essentiellement du cochon et des patates. Quand on a faim, on parle beaucoup de nourriture. Ici c'est plutôt maigre !
Je me souviens d'un soir où ils avaient un peu de tabac, ils m'invitent à aller griller une cigarette dans les WC de l'usine. Je roule, comme eux, ma cigarette dans du papier journal que nous, Français, nous appelons « papier Rouski ». Je ne peux finir ma cigarette entièrement tellement c'est raide. Quant aux deux Russes, ils sont pris d'un fou rire et se foutent de moi.
Je ne reste pas très longtemps dans cet atelier et les discussions avec les deux Russes sont bien vite terminées : un chef portant des lunettes et à qui je ne conviens sans doute pas me fait changer d'atelier.
Je suis transféré à la réparation des pneus. Il faut savoir que les pneus, une fois cuits dans les autoclaves, peuvent présenter quelques anomalies.
Les petites retouches nécessaires sont faites dans cet atelier de réparation.
Installé sur une sorte de roue, je colle de la gomme là où il en manque, je refais des crans sur les chapes ou change un morceau de toile à l'intérieur ...
Comme je travaille de nuit, je trouve un bon moyen pour dormir un peu : les pneus d'avions étant bien creux et bien larges, rangés les uns contre les autres, je me glisse dans l'un d'eux pour faire une ronflette. Auparavant, je fais une croix à la craie sur celui dans lequel je me trouve afin qu'un copain puisse frapper sur le « bon pneu » en cas d'alerte aérienne ou du passage d'un Chleu dans le coin.
A suivre...
Published by philippe lecler
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dans
Mémoires : "Ce que furent mes vingt ans..."
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