Situé à l’écart de la route départemental 6, entre Senuc et Montcheutin, dans le vouzinois, le Calvaire des fusillés du bois de la Forge rappelle qu’en ces lieux, le 29 août 1944 trois patriotes furent fusillés pour avoir voulu hâter la libération du département…
Cet épisode appartient à l’histoire du maquis de Grandham-Lançon fondé en juin 1944 par un ancien sous-officier de l’armée française, Robert Verner. Fort d’une centaine d’hommes après que les eut rejointe la « Centaine plan Pol » du gendarme Raphaël Petit, le maquis fut approvisionné en armes par des parachutages sur les terrains « Panama » (à Lançon), et « Autogyre » (à proximité de Senuc).
Ce sont donc des hommes puissamment armés qui accueillirent un convoi militaire allemand qui s’était engagé sur le chemin de leur campement le 28 août. Supérieurs en nombre, les maquisards capturaient 5 soldats et tuaient l’officier qui les commandait. Mais l’alerte était donnée chez l’occupant et le lendemain un véhicule blindé était envoyé à la recherche de la section disparue. Lors de l’engagement qui s’ensuivit sur le terrain, le caporal Diana, un tirailleur sénégalais échappé de captivité, et Léon Haudecoeur tombaient sous les tirs de mitrailleuse de l’engin qui rebroussait chemin.
Mise en échec, la chenillette blindée redescendit sur le village de Lançon où ses occupants arrêtèrent Henri Collard, qui revenait à bicyclette d’Autry chargé de pain pour sa famille. Accusé de ravitailler le maquis, celui-ci fut contraint de monter dans le véhicule qui prit la route de Senuc. Quelque temps après, les soldats de la chenillette aperçurent des hommes menant des chevaux qu’ils arrêtèrent à leur tour. Ces derniers venaient d’effectuer un transport d’armes pour le maquis (un parachutage avait eu lieu la veille sur « Autogyre »). Robert Haulin, Lucien Dauphy, Maurice Briys, Gabriel Caillet, prirent place auprès d’Henri Collard. Enfermés d’abord dans une écurie de Senuc, interrogés, battus, ils furent emmenés au lieu-dit le « bois de la Forge » pour y être fusillés.
Robert Haulin et Lucien Dauphy parvinrent à s’enfuir.
Ce 29 août, Maurice Briys, cultivateur âgé de 49 ans, père de quatre enfants, Gabriel Caillet, cultivateur âgé de 48 ans, père de deux enfants et Henri Collard cultivateur âgé de 46 ans, père de quatre enfants, succombèrent sous les balles d’un peloton d’exécution improvisé.
Érigé à l’initiative de l’UAFFI, le calvaire des fusillés rappelle aussi le sacrifice des résistants du canton de Grandpré dont les noms sont inscrits à Berthaucourt.