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Les abeilles

Et je sais qu’il y en a qui disent : ils sont morts pour peu de chose. Un simple renseignement (pas toujours très précis) ne valait pas ça, ni un tract, ni même un journal clandestin (parfois assez mal composé). A ceux-là il faut répondre :
« C’est qu’ils étaient du côté de la vie. C’est qu’ils aimaient des choses aussi insignifiantes qu’une chanson, un claquement des doigts, un sourire. Tu peux serrer dans ta main une abeille jusqu’à ce qu’elle étouffe. Elle n’étouffera pas sans t’avoir piqué. C’est peu de chose, dis-tu. Oui, c’est peu de chose. Mais si elle ne te piquait pas, il y a longtemps qu’il n’y aurait plus d’abeilles. »
 
Jean Paulhan
« L’abeille », texte signé "Juste", paru dans Les cahiers de Libération en février 1944

Les rendez-vous

Vendredi 12 mai à 18 h, aux Archives départementales à Charleville-Mézières, dans le cadre des vendredis de l'histoire de la Société d'Histoire des Ardennes, conférence de Grégory Kaczmarek : "La grande grève revinoise de 1907 : cinq mois de combats ouvriers".

Vendredi 16 juin à 18 h, aux Archives départementales à Charleville-Mézières, dans le cadre des vendredis de l'histoire de la Société d'Histoire des Ardennes, conférence de Philippe Lecler : "Pol Renard, un héros de la Résistance".

 

 

20 octobre 2021 3 20 /10 /octobre /2021 17:45

La Société d’histoire des Ardennes publie le travail de recherche d’Antony Dussart consacré à un ardennais méconnu, lancé dans le combat politique dans les années 30, résistant durant l’Occupation, revenu à ses premières amours après la Libération dans les rangs du poujadisme et de l’extrême-droite la plus nauséabonde.

Antony Dussart dresse un portrait fascinant de ce personnage haut en couleur.

Né en 1897 à Rethel, dans une famille aisée d’agriculteurs et de commerçants, Léon Dupont avait été prisonnier des Allemands durant la Première Guerre, comme tous les hommes qui n’étaient pas mobilisés et qui n’avaient pas fuis à temps lors de l’invasion allemande. Il s’était évadé en passant par la Hollande en mai 1918 et s’était engagé au 91e RI de Mézières.

Au cours des années 1920, il se construisit un patrimoine en s’installant d’abord à Biermes, fonda foyer, et, riche propriétaire terrien, affirma sa position de notable dans le Rethélois.  Les années 30 furent marquées par son engagement dans la politique et la lutte syndicale. Désireux de défendre les intérêts professionnels des agriculteurs, mais aussi (et surtout) d’assoir son prestige,  il fonda un parti populiste paysan de droite, « la Fédération agraire ardennaise », dans lequel il se distingua par ses outrances verbales, sa diatribe grossière, ses propos vindicatifs et sa violence. Il s’aliéna rapidement l’antipathie des élus et des notables.  Fort en gueule, il haranguait les foules paysannes, cristallisait les mécontentements au cours de réunions épiques, mais ses candidatures répétées aux élections locales et à la chambre professionnelle des Ardennes ne furent jamais que des échecs cuisants.

Passons provisoirement sur les années d’Occupation. À la Libération, il rejoint le RPF mais s’en détourne rapidement pour rallier Pierre Poujade au sein de l’UDAF (« Union de défense des agriculteurs de France »). Il  trouva dans le poujadisme un exutoire à ses vieilles lubies : lutte contre l’Etat et l’omniprésence de l’administration qui portait préjudice selon lui aux affaires économiques du monde agricole, renouveau de la France contre la trahison des élites et du pouvoir. Sa personnalité se radicalisa, devint plus dure et plus violente, se teintant de xénophobie, de racisme et d’antisémitisme. À tel point qu’il fut exclu du mouvement Poujade eu début de 1956. Il n’abandonna pas le combat politique en fondant l’éphémère journal « Chevrotine » avec pour compagnon d’anciens collabos et d’ex-miliciens. Il est décédé en 1960 et est enterré à Rethel.

Aussi peu sympathique qu’il apparaisse dans ses combats politiques et syndicaux, autant l’homme qui s’engagea dès 1940 dans la Résistance force l’admiration.

En mai 1940, l’invasion allemande obligea la famille Dupont à fuir. Elle se réfugia dans l’Indre, puis dans le Puy-de-Dôme, en zone non-occupée, à deux pas de Vichy, où Léon Dupont avait fait l’acquisition de vastes domaines agricoles dont l’un, la ferme de la Rapine, devint rapidement un centre opérationnel de la Résistance, abritant du matériel de guerre,  hébergeant des illégaux, des opérateurs radio. Engagé dans un premier temps au sein du réseau Alliance, en lien avec d’autres mouvements et réseaux, Léon Dupont fut engagé par son fondateur dans le réseau Mithridate au printemps de 1943.

Mithridate avait été fondé dès  juin 1940 par Pierre Herbinger (alias « Colonel Bressac ») à la requête du service britannique de renseignement. Réseau de renseignements militaires, il était chargé de fournir aux états-majors les indications nécessaires pour précéder ou accompagner les opérations de guerre.

Léon Dupont participa à un grand nombre d’opérations menées par le réseau. Devenu adjoint du colonel Bressac, il put, grâce à ses exploitations, fournir au réseau et aux maquis environnants le ravitaillement nécessaire pour nourrir les hommes ; il mit sa fortune personnelle au service de la Résistance dans l’achat de matériels. Enlevé par Lysander, il se rendit deux fois à Londres à l’appel de ses chefs. Il échappa plusieurs fois aux arrestations, notamment en octobre 1943 quand, suite à une trahison, la police allemande décida d’en finir avec ce réseau insaisissable. Réfugié à Paris, puis à Nancy, Léon Dupont persévéra dans l’action jusqu’aux jours de la Libération.

 Résistant reconnu et plusieurs fois décoré (croix de guerre avec palme, chevalier de la Légion d’honneur, médaille de la Résistance), son parcours est d’autant plus surprenant qu’il tranche radicalement avec celui de l’agitateur politique des années d’avant et d’après-guerre.

Dans un long article intitulé « Pages de la Résistance ardennaise » paru dans la revue ardennaise La Grive d’octobre 1945, Gustave Gobert, écrivait à propos de la résistance de Léon Dupont (j'en extrait ici le début et la fin) : « Écoutez maintenant cette histoire ; vous ne lirez pas mieux, je crois, dans les récits imaginés par les romanciers du 2e Bureau […] Maintenant il conduit son tracteur et moissonne son blé. Et voilà ce qu’a fait un paysan de chez nous ! » Avec son livre, Antony Dussart révèle une personnalité ardennaise méconnue riche et complexe, à la fois haïssable et admirable.

Léon Dupont à la Libération (doc. A. Dussart)

En vente dans toutes les bonnes librairies. Pour le commander, voir ici. 

La SHA vient de publier aussi deux revues consacrées à la guerre de 1870

 

 

 

 

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29 août 2021 7 29 /08 /août /2021 12:36

La Société d’histoire des Ardennes publie cette année l’ouvrage tant attendu de Jean-Louis Michelet sur l’histoire peu connue des agents des missions spéciales pendant la Première Guerre mondiale. Ce nouvel opus complète les recherches menées par cet auteur sur les réseaux et les faits de résistance en zone occupée durant le premier conflit mondial.

18 novembre 1914. Le pilote Paul Billard emmène le maréchal des logis du 27e RA Georges Berteloot dans un avion Blériot, le dépose derrière la ligne de front puis revient sur son terrain. Berteloot, resté seul en région occupée, remplit sa mission : retrouver une compagnie isolée au milieu de l’armée allemande dans les Ardennes, et lui délivrer les ordres de l’état-major. Sa mission accomplie, Berteloot rentre en France en passant clandestinement la frontière électrifiée entre la Belgique occupée et la Hollande. C’est la première mission spéciale de la Grande Guerre. Elle sera suivie de beaucoup d’autres.

Le livre de Jean-Louis Michelet décrit un grand nombre de ces opérations clandestines, à partir d’archives, institutionnelles ou familiales, souvent inédites. L’abondance, sinon la précision, des cas présentés dans son ouvrage permet d’avancer une définition de ces missions spéciales propres à la Grande Guerre : l’envoi, par les états-majors alliés, d’agents dans les territoires occupés par l’armée allemande à des fins de destructions (principalement des lignes de chemins de fer) ou de recueil de renseignements sur les infrastructures, l’état et le nombre de troupes occupantes.

Si l’auteur ne néglige pas les pilotes, sans qui rien ne fut possible (on croise dans ces monographies les « as » de l’aviation de 14-18 : Védrines, Guynemer, Bodin entre autres), il privilégie les agents, héros méconnus, sinon inconnus, de l’histoire de la Grande guerre. Qui étaient-ils ? Des militaires, certes, mais bien souvent aussi des douaniers,  tant était intime la connaissance qu’ils avaient du terrain qu’ils allaient arpenter. Ils en savaient les lieux, les chemins, les habitants, les refuges possibles, pouvant sans éveiller la méfiance des troupes allemandes  se mêler à la population, qui  fut souvent leur complice mais au risque de la dénonciation…. C’est aussi un des grands mérites de ce livre de jeter un éclairage sur ce qu’il faut nommer, sans anachronisme, la résistance populaire à l'occupation.

Le livre de Jean-Louis Michelet a été préfacé par Annette Becker (université de Paris-Nanterre, Historial de Péronne), auteur des Oubliés de la Grande Guerre, paru en 1998. En vente dans toutes les bonnes librairies et auprès de la Société d’histoire des Ardennes (bon de commande à imprimer ici).

 

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11 novembre 2020 3 11 /11 /novembre /2020 18:55

Comme je l’ai déjà largement souligné dans d’autres articles sur ce site,  de nombreux résistants ardennais, et d’autres personnes victimes des exactions nazies durant l’Occupation, sont absents de la liste gravée sur la pierre des murs de Berthaucourt (voir ici par exemple). À l’occasion de recherches effectuées sur les personnes exécutées durant l’Occupation pour le Maîtron des fusillés, j’ai retrouvé la trace de Paul Valentin, dont voici la notice.   

VALENTIN Paul, Henri, Amédée, né le 2 juillet 1903 à Sapogne (aujourd’hui Sapogne-sur-Marche) ; exécuté sommairement par les Allemands le 16 août 1944 à Allibaudières (Aube) ;  inspecteur de police à Troyes (Aube) ; résistant.

Fils de Jean François Jules Valentin et d’Henriette Zélia Pécheux, époux de Denise Lésaquard, domicilié à Givry-en-Argonne (Marne), détaché en dernier à Troyes (Aube), l’inspecteur de police Valentin fut exécuté d’une balle dans la tête sur le territoire de la commune d’Allibaudières (Aube) le 16 août 1944. Son corps ne fut découvert que le 4 septembre 1944. Il fut d’abord inhumé au cimetière communal de cette commune, avant d’être exhumé et transféré au cimetière de Sapogne.

Il apparait que Paul Valentin avait appartenu, à compter du 6 juin 1944, à un groupe franc de la police dénommé « Laroche » rattaché à l’Armée secrète de la Résistance de l’Aube. Capturé par la police allemande, il fut sommairement exécuté à Allibaudières le 16 août 1944.

La mention « Mort pour la France » fut portée le 4 juillet 1947 sur l’acte de décès de Paul Valentin. Aucun monument aux morts ne rappelle son nom, qui ne figure pas sur le mémorial de la Résistance de Berthaucourt.

 

Source : SHD Caen AVCC cote AC 21P 170365 - Arch. Dép. des Ardennes, 1W55. – Site Internet Mémoire des Hommes.

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1 août 2020 6 01 /08 /août /2020 11:15

                                                     Il y a quelque temps, la Revue Historique Ardennaise a publié le témoignage d’Étienne Brice dans lequel était évoquée succinctement la tentative d’infiltration de la filière d’évasion de prisonniers de guerre et d’aviateurs alliés que Paul Royaux et ses camarades avaient organisée à Charleville dès le début de l’Occupation. Qu’on me permette d’y revenir.

On se souvient que la filière avait été mise en place à partir de relais locaux (notamment à Nouzonville et à Carignan dont il sera question ici) qui envoyaient vers les bureaux du Secours national  à Charleville les illégaux qui y étaient habillés, nourris, logés, dotés en faux papiers, avant d’être évacués vers Paris grâce à la complicité d’agents de la SNCF. Son organisation revenait à Paul Royaux, responsable du mouvement de Résistance OCM dans les Ardennes depuis 1941 ; le soutien logistique appartenant au personnel du Secours national.

La police allemande recherchant les voies de salut des prisonniers et des aviateurs s’employait à y infiltrer leurs agents. L’épisode qui est relaté par Etienne Brice est celui de l’une de ces tentatives, et de son échec. Il est confondu dans l’article cité avec celle d’octobre 1942 qui fut une réussite, puisqu’elle aboutit au démantèlement de la filière, aux arrestations au sein du Secours national, et à la fuite de Paul Royaux.

L’histoire du faux aviateur Anglais est relatée dans un manuscrit conservé aux Archives départementales des Ardennes (1293 W 6). Bien qu’anonyme, on peut attribuer cet écrit à André Point, successeur de Paul Royaux à la tête de l’OCM dans le département et chef des FFI en 1944. Grâce à certaines indications données par le texte, on peut dater cet épisode des  mois de mars et avril de l’année 1942. Les passages entre guillemets dans la relation qui suit sont tirés de ce document.

 

Georges Lefèvre, propriétaire de l’Hôtel de la Gare à Carignan, appartient à la ligne d’évasion fondée par Royaux. Des centaines de prisonniers arrivant de Belgique sont dirigés chez lui avant d’être évacués vers Charleville puis Paris. C’est à son somicile qu’arrive un jour, les pieds ensanglantés par les kilomètres parcourus, un aviateur Anglais.

Georges Lefèvre l’amène chez Schwartz, salon de coiffure de la rue Jean Jaurès à Charleville où travaillent Paul Royaux et André Point . « On lui coupe les cheveux, il parle un peu français, ne peut être acheminé sans être accompagné : reste chez Schwartz quelques jours. Le fils le surprend fouillant dans les tiroirs. Pas d’étonnement pour le sans-gêne connu des Anglo-saxons. Ne sort pas. »

 

Étienne Brice est choisi par Royaux pour conduire l’Anglais à Paris par le train du matin.  Mais sitôt arrivés à la gare les deux hommes sont arrêtés par des douaniers. L’un d’eux commence à fouiller l’Anglais qui porte dans sa musette deux kilos de tabac (de contrebande bien sûr), cadeau de Brice pour ses correspondants parisiens. Ce dernier s’enfuit, poursuivi par un douanier alors que l’Anglais saute dans le train qui part. Rentré chez Schwartz, Brice se fait copieusement « engueuler » par Royaux pour sa négligence et est renvoyé à Paris par le train du soir. Mais là, personne ne l’accueille : l’Anglais a disparu dans la jungle parisienne…

 

Deux jours plus tard, Georges Lefèvre se présente à nouveau au salon Schwartz : l’aviateur est revenu chez lui. On le ramène à Charleville. On comprend qu’à Paris il a vendu le tabac pour pouvoir reprendre un billet pour rentrer à Carignan. Brice l’accompagne à nouveau à Paris. On ne sait ni où, ni par qui l’Anglais est interrogé. Toujours est-il que des doutes sont émis sur son identité et sur sa qualité d’aviateur britannique. On lui donne des livres à lire : deux fois le même, sous un format différent, et pourtant il ne relève pas et s’intéresse tout autant à l’un qu’à l’autre... « En avril, Paris fait connaître que l’agent est identifié comme agent de la Gestapo et demande d’aller le rechercher.» Pas plus de précisions sur les hôtes de l’Anglais, ni sur le service de renseignements clandestin suffisamment efficace pour confondre un traître… (Dommage !)

 

« Conseil de guerre. On décide d’aller le chercher. Paul Royaux y va… » À l’Anglais, il justifie son retour en avançant que « la filière est brûlée, qu’il faut le ramener dans les Ardennes. Qu’on pourra le nourrir mieux qu’à Paris. » On lui fait croire qu’on va l’héberger dans une ferme… Mais son exécution a été décidée, les préparatifs sont commencés.

 

Retour de Royaux et de l’Anglais. À la gare de Charleville, Brice prend le pseudo-aviateur et l’emmène au Mont Olympe, longeant la Meuse. André Point les précède. Georges Lefèvre clôt la marche. Il est près de 22 heures et la nuit tombe, on attend le soi-disant fermier qui doit les conduire chez lui. Il arrive. C’est un autre résistant du groupe OCM qui joue ce rôle, Raymond Petit.

 

Dans la côte de Montcy, Brice et Point encadrent l’Anglais. Le sentier se rétrécit. Point s’éloigne alors que Brice passe en tête, Petit est maintenant derrière l’Anglais. Il a en main un marteau, avec lequel il le frappe. L’Anglais se met à hurler.

Royaux a rejoint Point : « Ils cherchent chacun de leur côté, ne les trouvent pas et s’apprêtent à repartir quand arrivent les trois hommes avec le boche nu. Chacun fait peur aux autres. Sang tout le long de la route. On lui entoure la tête avec [illisible] et [les pieds avec] des poids d’horloge. La barque qui manque de chavirer. L’eau. Le retour à la nuit. »

Les hommes se séparent. Point s’éloigne avec Raymond Petit. À la sortie de la passerelle du Mont-Olympe, des gendarmes en patrouille les interpellent. Point se met devant Petit, qui est couvert de sang, et montre sa convocation pour l’examen de police qu’il doit aller passer le lendemain à Amiens. Il prétend qu’il est allé prendre le café chez des amis. Les gendarmes les laissent aller... Le jour suivant, Royaux et Petit reviennent sur les lieux afin de débarrasser la barque des traces de sang qui s’y accrochent, et rechercher le marteau qu’ils avaient perdu.

 

Voilà comment le faux Anglais, mais vrai agent des services de police allemands, fut exécuté, une nuit de la fin du mois d’avril, sur les bords de la Meuse. Les restes de sa dépouille gisent probablement encore au fond du fleuve, lestés par des poids d’horloge… 

 

L’homme qui avait tenu le marteau était Raymond Petit. On sait aujourd’hui que les comportements et les attitudes des Français sous l’Occupation ne s’écrivirent pas en noir et blanc, mais en de multiples « zones grises », Petit offre un exemple particulièrement significatif de ces comportements ambivalents, chez qui le patriotisme pouvait se mêler à l’intérêt. Ce quadragénaire sans profession déclarée, condamné avant la guerre pour escroquerie, vivait de trafics divers et de marché noir. Résistant de la première heure, intégré au groupe de Paul Royaux, il en était devenu l’homme à tout faire. Il fut l’un de ces « gros bras » utilisé pour les coups risqués, à qui on faisait appel lorsqu’on avait besoin de quelqu’un de peu scrupuleux prêt à faire le « coup de poing ». On le retrouve ainsi encore en 1944 dans une tentative d’enlèvement d’un collaborateur de Charleville ordonnée par la Résistance (Sur l'affaire Petit et les autres, voir mon livre Article 75) .
Mais la justice releva surtout ses accointances avec certains agents de la Gestapo de Charleville, et souligna qu'il intervenait contre rétribution auprès des Allemands, avec lesquels il traficotait, pour régulariser les situations de certaines personnes. À la libération, sa tête fut mise à prix par la Résistance. Arrêté, il fut mis à la disposition de la justice. On le soupçonnait d’avoir vendu aux Allemands André Marchand et son groupe, arrêtés dans la nuit du 9 au 10 juin 1944 alors qu’ils se rendaient à un parachutage d’armes à Meillier-Fontaine. Marchand, qui venait d’être nommé chef des FFI du secteur de Charleville, et trois de ses camarades avaient été condamnés à mort par un conseil de guerre allemand et avaient été fusillés quelques jours plus tard au fort des Ayvelles. Un quatrième homme fut déporté au camp de concentration de Buchenwald.

   

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Raymond Petit fut jugé par la cour de justice des Ardennes à Charleville le 6 février 1945 et condamné à la peine capitale. Il fut gracié et sa peine fut commuée en 10 années de réclusion. Il profita d’une mesure d’amnistie et fut libéré le 4 août 1950.

 

 

 

 

 

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