Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Les abeilles

Et je sais qu’il y en a qui disent : ils sont morts pour peu de chose. Un simple renseignement (pas toujours très précis) ne valait pas ça, ni un tract, ni même un journal clandestin (parfois assez mal composé). A ceux-là il faut répondre :
« C’est qu’ils étaient du côté de la vie. C’est qu’ils aimaient des choses aussi insignifiantes qu’une chanson, un claquement des doigts, un sourire. Tu peux serrer dans ta main une abeille jusqu’à ce qu’elle étouffe. Elle n’étouffera pas sans t’avoir piqué. C’est peu de chose, dis-tu. Oui, c’est peu de chose. Mais si elle ne te piquait pas, il y a longtemps qu’il n’y aurait plus d’abeilles. »
 
Jean Paulhan
« L’abeille », texte signé "Juste", paru dans Les cahiers de Libération en février 1944

Les rendez-vous

Vendredi 12 mai à 18 h, aux Archives départementales à Charleville-Mézières, dans le cadre des vendredis de l'histoire de la Société d'Histoire des Ardennes, conférence de Grégory Kaczmarek : "La grande grève revinoise de 1907 : cinq mois de combats ouvriers".

Vendredi 16 juin à 18 h, aux Archives départementales à Charleville-Mézières, dans le cadre des vendredis de l'histoire de la Société d'Histoire des Ardennes, conférence de Philippe Lecler : "Pol Renard, un héros de la Résistance".

 

 

17 mai 2023 3 17 /05 /mai /2023 16:22


    Le 5 juin 1946 s’ouvrait devant la Cour de Justice des Ardennes le procès dit de « la bande au bossu », auteur des massacres commis à Illy-Olly et à Floing les 28 et 29 août 1944, à la veille de la Libération. Ce groupe d’action du SD, composé de dix militants du parti franciste, s’illustra ces jours-là par sa férocité et sa sauvagerie.
Son chef, Pierre Mary Paoli, né le 31 décembre 1921 à Aubigny-sur-Nère, dans le Cher, exerçait la profession de commis du Trésor. Il devint interprète à la Gestapo de Bourges au début de 1943. Orgueilleux, ambitieux, zélé, les Allemands le nommèrent Scharführer (sergent-chef) de la S.S. en janvier 1944. En août 1944, replié à Nancy, la Gestapo lui confia la direction de ce « groupe d’action » chargé de démanteler la Résistance Sedanaise.

À Illy-Olly…
Le 23 août 1944, le groupe installait son cantonnement à Illy-Olly, se présentant à la population locale comme une équipe de maquisards chargés par les Américains de désorganiser le front allemand et de rechercher des terrains de parachutage. Paoli était chargé d’assurer la liaison entre le groupe et le commandement du SD cantonné à Sedan.
Du 24 au 28 août, le faux maquis, malgré ses exactions (rafles des stocks de tabac, réquisitions de bicyclettes, vols de voitures), s’attira la sympathie des habitants du lieu, et gagna la confiance de jeunes gens qui le rejoignirent dans les bois.
Le 28 août, quatre jeunes hommes qui croyaient avoir rallié une organisation patriotique furent abattu à coups de mitraillettes au lieu-dit « La Hatrelle » où la bande avait installé son P.C. (Luc Lilès, Marceau Herman, Roland Saxe, Bernard Stringer). Abandonnant les lieux, les tortionnaires prirent la route de Sedan, laissant derrière eux d’autres victimes (Jacques Wentzel, Alfred Lejeune, Pierre Rouy). Plus loin, dans la gare désaffectée d'Olly, ils abattirent froidement trois jeunes gens qui avaient sollicité leur admission au maquis (Delphin de Melo-Pinto, Daniel Hut, le troisième fut grièvement blessé mais échappa à la mort).
Rentrés à Sedan dans la soirée, ils étaient désignés pour mettre un point final à une opération qu’ils avaient initiée à Gaulier.

… Et à Gaulier
Vers le 15 août, trois hommes descendus d’une voiture automobile (Paoli, Picault et Thaon) se présentèrent au café-tabac tenu à Gaulier par M. Champenois, exhibant des brassards FFI, se firent remettre le tabac et discutèrent avec les personnes se trouvant là. Jean Barré, passant sur la route, fut appelé par le fils Champenois et prit part lui aussi à la conversation. Les miliciens, se disant au maquis, leur promirent des armes qu’ils devaient, disaient-ils, recevoir bientôt. Jean Barré, trop confiant, leur demanda des mitraillettes. Les miliciens lui donnèrent rendez-vous le lendemain entre la Vierge de Floing et la Meuse.
Jean Barré rendit compte de cet entretien à Marcel Léonard, chef de centre FFI de Floing, qui, flairant un piège de la Gestapo, lui donna l’ordre d’aller seul à ce rendez-vous, ce qu’il fit sous la surveillance de trois hommes armés. Les miliciens lui donnèrent quelques cartouches de mitraillette et deux grenades et le pressèrent de les mettre en relation avec un responsable des FFI de Sedan. Barré prétendit ne pas en connaître. Un voisin, André Martigny, vint se mêler à la conversation. Puis les miliciens partirent et l’affaire en resta là jusqu’au 28 août où Léonard apprit ce qui s’était passé à Olly.


Une des victimes des francistes à Illy,
Bernard Stringer, n'avait que 15 ans...

Partager cet article
16 mars 2023 4 16 /03 /mars /2023 11:17

Sébastien Haguette, président de la Société d’histoire et d’archéologie du Sedanais, et Reinhold Weitz, docteur en histoire, se sont plongés dans les archives françaises et allemandes du camp de travail pour prisonniers civils du château de Sedan, connu sous la dénomination de « Bagne de Sedan », qui a détenu près de 5 000 hommes entre janvier 1917 et novembre 1918.

 

Dans un article paru dans la presse régionale (« L’Ardennais » du 3 mars 2023), Sébastien Haguette reconnaît que les recherches sur le sujet sont rares, alors que « les archives municipales de Sedan sont volumineuses ». Il y a déniché « plusieurs listes écrites par les Allemands sur les différents camps de prisonniers civils qui étaient déportés pour être utilisés comme main-d’œuvre. » Les deux historiens ont ainsi pu estimer le taux de mortalité de ce camp à la réputation effrayante, et, avec l’aide de bénévoles, ont pu reconstituer la vie de 300 détenus du bagne. « La mortalité était plus faible que les témoignages le laissaient penser, mais cela ne remet en cause ni la souffrance ni les mauvais traitements. Le bagne de Sedan était bien un lieu de privation de liberté où les prisonniers recevaient trop peu de nourriture par rapport aux travaux de force imposés. Les Allemands leur demandaient de charger et de décharger des trains, de démonter des machines…». L’historien conclut que «le bagne était un camp de prisonniers en temps de guerre, mais il n’y avait pas de volonté de mise à mort des prisonniers. Le taux de mortalité s’élevait à 20 ou 30 %, ce qui est déjà énorme. »

Le Bagne de Sedan est un livre appelé à faire date dans la bibliographie de la Grande Guerre. Une co-édition Terres Ardennaises / SHAS. 

Plaque commémorative à l'entrée du château de Sedan

Partager cet article
3 octobre 2022 1 03 /10 /octobre /2022 18:11

Le 5 septembre 2021, après la cérémonie de la libération, les habitants d’Hargnies ont rendu un hommage particulier à l’un de ses enfants, Henri Victor Briard, dont le nom a été ajouté à la stèle des victimes de la guerre 1939-1945. Henri Briard, déporté résistant, n’est pas inscrit au mémorial de Berthaucourt.

Henri Victor Briard est né à Hargnies le 14 juin 1907, fils de Théophile Briard et de Marie Irma Brichet qui s’étaient mariés en cette commune le 11 août 1895. Devenu gendarme, il fut affecté à la brigade de Clermont-en-Argonne (Meuse). Marié à Suzanne Raucourt, il eut deux enfants.

Résistant FFI durant l’Occupation, il fut arrêté dans une rafle de représailles menée par la police allemande le 30 juillet 1944, au lendemain de l’attaque d’un convoi allemand par les membres du maquis de l’Argonne. Déporté depuis Nancy le 19 août 1944 à destination du camp de concentration de Natzweiller-Struthof sous le matricule 22864, il fut transféré le 4 septembre 1944 au camp de concentration de Dachau puis à celui de Mauthausen le 16 septembre. Affecté au kommando de Melk à la construction d’une usine souterraine, il travailla au terrassement ou à la fabrication de béton. Evacué à bout de forces à l’infirmerie du camp, il y serait décédé 48 heures après son admission, soit le 26 novembre 1944.

Sources : Livre-Mémorial de l’AFMD. Bulletin municipal d’Hargnes n° 12, février 2022 (https://hargnies.fr/wp-content/uploads/sites/99/2022/03/HARGNIES-bull-2022-.pdf)

 

Partager cet article
19 juillet 2022 2 19 /07 /juillet /2022 12:54

Un nouveau numéro de la revue des Amis de l’Ardenne, Maugis, vient de paraître. Consacré aux Hauts (Les Hauts-Buttés, Les Vieux-Moulins de Thilay, les Vieux-Moulins d’Hargnies, Thilay) et à Hargnies, j’y ai commis un article sur ce coin d’Ardenne, pour y souligner la continuité de l’esprit de résistance : les mêmes qui accueillirent les agents des missions spéciales pendant la Première Guerre mondiale formèrent les équipes de résistance en ces lieux, notamment dans la réception des parachutages d’hommes et d’armes à destination du maquis Prisme et des FFI, en 1943 et 1944.

On y trouvera par ailleurs les contributions de Yanny Hureaux, de Christophe Mahy, de Christophe Lotterie et de bien d’autres…

 

 

Partager cet article