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Les abeilles

Et je sais qu’il y en a qui disent : ils sont morts pour peu de chose. Un simple renseignement (pas toujours très précis) ne valait pas ça, ni un tract, ni même un journal clandestin (parfois assez mal composé). A ceux-là il faut répondre :
« C’est qu’ils étaient du côté de la vie. C’est qu’ils aimaient des choses aussi insignifiantes qu’une chanson, un claquement des doigts, un sourire. Tu peux serrer dans ta main une abeille jusqu’à ce qu’elle étouffe. Elle n’étouffera pas sans t’avoir piqué. C’est peu de chose, dis-tu. Oui, c’est peu de chose. Mais si elle ne te piquait pas, il y a longtemps qu’il n’y aurait plus d’abeilles. »
 
Jean Paulhan
« L’abeille », texte signé "Juste", paru dans Les cahiers de Libération en février 1944

Les rendez-vous

Vendredi 12 mai à 18 h, aux Archives départementales à Charleville-Mézières, dans le cadre des vendredis de l'histoire de la Société d'Histoire des Ardennes, conférence de Grégory Kaczmarek : "La grande grève revinoise de 1907 : cinq mois de combats ouvriers".

Vendredi 16 juin à 18 h, aux Archives départementales à Charleville-Mézières, dans le cadre des vendredis de l'histoire de la Société d'Histoire des Ardennes, conférence de Philippe Lecler : "Pol Renard, un héros de la Résistance".

 

 

3 octobre 2008 5 03 /10 /octobre /2008 17:00

Première étape. Le monument érigé à la mémoire de la

MISSION CITRONELLE...

Situé sur la RD 989 entre Monthermé et Hargnies, un peu après avoir passé le village des Hauts-Buttés, avant de bifurquer pour prendre la petite route qui conduit aux Vieux Moulins de Thilay, le monument, constitué d'un bloc de schiste posé au milieu d'une clairière, fut érigé en 1994 à l'initiative d'anciens du maquis.


Mise sur pied au cours du second trimestre de 1943 par le grand État-major Interallié, en collaboration avec le BCRA (Bureau central de renseignement et d'action) de Londres, l'opération "Citronelle" fut confiée à la mission interalliée franco-anglo-américaine du même nom : la MISSION CITRONELLE.

 

 Celle-ci fut parachutée successivement :

Dans la nuit au 11 au 12 avril 1944 sur un terrain proche de Mourmelon (Marne) : Le capitaine Jacques de Bollardière (« Prisme »), l'aspirant-radio Gérard Brault, le lieutenant Victor Layton (OSS).
Dans la nuit du 5 au 6 juin 1944 aux Vieux-Moulins de Thilay : Le capitaine Jacques Chavannes (BCRA), les lieutenants Marc Racine et Lucien Goetghebeur (BCRA), les capitaines britanniques Desmond Ellis Hubble (Capitaine "Alain") et Georges Whitehead, tous deux du SOE-RF.

Les objectifs de la Mission Citronelle étaient de :

 


- Coordonner l'action de la Résistance ardennaise avec les objectifs plus vastes de l'État-major interallié en maintenant le contact radio avec Londres.

- Encadrer les groupes locaux de la Résistance, les équiper en armes et les initier à leur maniement.


Dans la nuit du 14 au 15 août 1944 aux Vieux-Moulins de Thilay : Une équipe « Jedburgh » composée de A. Coombe-Tennant, E. d'Oultrement, F. Harrison, ainsi que de 2 officiers français et 10 SAS belges.
Cette mission, dite « Andrew », devait contacter la Mission Citronelle, aider à l'organisation et à l'encadrement des FFI, et assurer les communications avec Londres. 

 


La mission Citronelle rejoignit les Ardennes au début du mois de mai et s'installa non loin de Renwez. Les premiers contingents envoyés par les chefs de secteurs du département commencèrent à constituer le maquis qui commença alors à vivre en forêt et prit le nom de code de son chef, « Prisme ». Directement relié à Londres par radio, il jouissait d'une autonomie que facilitait son équipement et son armement.
Installé entre les « Petites Communes » et la route de Revin, il occupait le lieudit « les Hauts Buttés », et disposait de deux terrains de parachutage : « Bohémien » et « Astrologie ».


Jacques Pâris de Bollardière est né le 16 décembre 1907 à Châteaubriant (Loire Atlantique). Après des études secondaires suivies au collège Saint-Sauveur à Redon puis au Prytanée militaire de La Flèche, il entre à l'école militaire spéciale de Saint-Amour en 1927. Il en sort en 1930. Immédiatement affecté au 146e Régiment d'Infanterie à Saint-Avold, il passe sous-lieutenant puis est affecté au 173e RIA à Bastia, où il est promu lieutenant en octobre 1932. En février 1935, il s'engage dans la Légion Étrangère et rejoint le 1er Régiment de Légion Étrangère à Saïda en Algérie puis au 4e REI à Marrakech où il demeure en poste jusqu'à la guerre. En février 1940 il est affecté à la 13e demi-brigade de la Légion étrangère (13e DBLE) où il reçoit ses galons de capitaine. Il prend part à l'opération de Narvik en Norvège à la tête de sa compagnie. De retour à Brest avec son unité, le 13 juin 1940, il assiste impuissant à la débâcle et décide de rejoindre Londres avant même l'appel du général de Gaulle. Embarqué sur un chalutier à Paimpol le 17 juin, il arrive en Angleterre deux jours plus tard et s'engage dans les Forces Françaises Libres. Il est affecté à la 13e DBLE, qu'il retrouve sur le sol britannique. Dès lors, il prend part à toutes les campagnes de son unité au sein de la 1re Division Française Libre : Gabon, Érythrée où il conduit au combat, le 13 avril 1941, à la bataille de Massaouah une unité de 90 hommes. A la suite de cette action, il est décoré de la Croix de la Libération. En septembre 1941, il est promu chef de bataillon et prend part, à la tête du 1er Bataillon de Légion Étrangère, à la campagne de Libye. Jacques de Bollardière dirige l'offensive du 1er bataillon de la 13e DBLE contre le Quaret el Himeimat lors de la bataille d'El-Alamein, le 23 octobre 1942. C'est un échec et, grièvement blessé au bras par l'éclatement d'une mine, il va rester pendant huit mois en soins à l'hôpital du Caire. Le 15 juin 1943, mal remis de sa blessure, il rejoint pourtant son unité à Sousse en Algérie. Le 24 octobre 1943, il se porte volontaire pour une mission sur le sol de France.
Mis à la disposition du B.C.R.A, il est nommé responsable de la mission Citronelle, sous le pseudonyme de « Prisme », chargé de constituer un grand maquis, le Maquis des Ardennes, en prévision des combats de la libération lors du débarquement allié. Parachuté le 12 avril 1944 dans la Marne, transporté dans les Ardennes où il constitue son maquis sur les hauteurs de Revin, il subit un premier échec le 12 juin, lorsque le maquis est attaqué par les troupes allemandes. C'est la tragédie des Manises. Le maquis reconstitué poursuivra néanmoins son action jusqu'à la Libération. Cité à l'ordre de la légion d'honneur en septembre 1944, promu Compagnon de la Libération par le général de Gaulle, Bollardière participe en avril 1945 à l'une des dernières grandes batailles en Europe, celle de Hollande, avec les Red Devils, ou « S.A.S. » (Spécial Air Service).
Après la 2e guerre mondiale, Jacques de Bollardière commande l'ensemble des troupes aéroportées en Indochine, de 1946 à 1953. Sa promotion au grade de général, en novembre 1956, le trouve en Algérie où débute une autre guerre. En 1957, désapprouvant la politique de répression du gouvernement français, il demande à être relevé de ses fonctions et dénonce, dans une lettre à l'hebdomadaire L'Express, la torture en Algérie. Condamné à soixante jours de forteresse, il est ensuite « exilé », à Brazzaville, puis à Coblence, avec des commandements fictifs. Lors du putsch d'Alger, en avril 1961, il démissionne. Devenu apôtre de la non-violence dans les années 70, Jacques Pâris de Bollardière est décédé le 22 février 1986.
Jacques Paris de Bollardière est l'un des Français les plus décoré de la Seconde guerre mondiale : Grand Officier de la Légion d'honneur, Compagnon de la Libération, Croix de guerre 1939-1945 (5 citations), Médaille de la Résistance, Croix de Guerre (Belgique), Distinguished Service Order and Bar (Royaume-Uni), Officier de l'Ordre royal de la Couronne (Belgique).
Un carrefour de Paris, inauguré en novembre 2007 par Bertrand Delanoë, porte aujourd'hui son nom.


À suivre...

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