La Société d’histoire des Ardennes publie cette année l’ouvrage tant attendu de Jean-Louis Michelet sur l’histoire peu connue des agents des missions spéciales pendant la Première Guerre mondiale. Ce nouvel opus complète les recherches menées par cet auteur sur les réseaux et les faits de résistance en zone occupée durant le premier conflit mondial.
18 novembre 1914. Le pilote Paul Billard emmène le maréchal des logis du 27e RA Georges Berteloot dans un avion Blériot, le dépose derrière la ligne de front puis revient sur son terrain. Berteloot, resté seul en région occupée, remplit sa mission : retrouver une compagnie isolée au milieu de l’armée allemande dans les Ardennes, et lui délivrer les ordres de l’état-major. Sa mission accomplie, Berteloot rentre en France en passant clandestinement la frontière électrifiée entre la Belgique occupée et la Hollande. C’est la première mission spéciale de la Grande Guerre. Elle sera suivie de beaucoup d’autres.
Le livre de Jean-Louis Michelet décrit un grand nombre de ces opérations clandestines, à partir d’archives, institutionnelles ou familiales, souvent inédites. L’abondance, sinon la précision, des cas présentés dans son ouvrage permet d’avancer une définition de ces missions spéciales propres à la Grande Guerre : l’envoi, par les états-majors alliés, d’agents dans les territoires occupés par l’armée allemande à des fins de destructions (principalement des lignes de chemins de fer) ou de recueil de renseignements sur les infrastructures, l’état et le nombre de troupes occupantes.
Si l’auteur ne néglige pas les pilotes, sans qui rien ne fut possible (on croise dans ces monographies les « as » de l’aviation de 14-18 : Védrines, Guynemer, Bodin entre autres), il privilégie les agents, héros méconnus, sinon inconnus, de l’histoire de la Grande guerre. Qui étaient-ils ? Des militaires, certes, mais bien souvent aussi des douaniers, tant était intime la connaissance qu’ils avaient du terrain qu’ils allaient arpenter. Ils en savaient les lieux, les chemins, les habitants, les refuges possibles, pouvant sans éveiller la méfiance des troupes allemandes se mêler à la population, qui fut souvent leur complice mais au risque de la dénonciation…. C’est aussi un des grands mérites de ce livre de jeter un éclairage sur ce qu’il faut nommer, sans anachronisme, la résistance populaire à l'occupation.
Le livre de Jean-Louis Michelet a été préfacé par Annette Becker (université de Paris-Nanterre, Historial de Péronne), auteur des Oubliés de la Grande Guerre, paru en 1998. En vente dans toutes les bonnes librairies et auprès de la Société d’histoire des Ardennes (bon de commande à imprimer ici).
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